N° 8 - Octobre 2012
ISSN : 1772-7200
L’histoire de Chypre s’est tissée au fil des conquêtes, des mélanges, des échanges. Hellénisée depuis l’Antiquité, l’île a ensuite connu des maîtres divers qui, chaque fois, ont apporté avec eux une culture bientôt assimilée en un syncrétisme original. Terre de l’Empire romain d’Orient, carrefour des croisés puis royaume franc, colonie vénitienne ou prise de guerre ottomane, Chypre est à la fois multiple et unique. Unique par la culture et les arts qu’elle a développés au fil des siècles, multiple par ses habitants dont la langue et la religion varient selon les époques. Aujourd’hui encore, la délicate question de la cohabitation entre des peuples de confessions différentes se pose en Chypre. À l’heure ou elle prend la présidence du conseil de l’Union européenne, il était temps de rendre justice aux trésors d’une île à nulle autre pareille.
Soumise à l’influence culturelle et politique de la Grèce dès la fin du deuxième millénaire avant notre ère, Chypre est finalement annexée par Rome en 58 avant notre ère et constituée en province autonome à partir de 22 avant notre ère. À cette époque, les langues locales, qu’elles soient indigènes comme l’étéochypriote ou sémitiques comme le phénicien, ont déjà disparu et le grec constitue la seule langue de l’administration et du quotidien, de la culture et du commerce. C’est par conséquent en grec que se diffuse le judaïsme, dont la présence florissante est attestée dans l’île avant la conquête romaine et jusqu’au début du IIe siècle de notre ère; c’est en grec aussi que se propage ensuite le christianisme, dès l’âge apostolique.
Auteur : Sylvain Destephen
Magazine : Religions & Histoire hors-série n° 8 Page : 14-19
