N° 6 - Décembre 2011
ISSN : 1772-7200
«L’abbé Bernard de Clairvaux a été doté par l’esprit de Dieu de cette grâce merveilleuse de savoir parler et instruire autrui, plus que de la subtilité intellectuelle.» Voici comment un disciple d’Abélard présentait le célèbre abbé de Clairvaux, ennemi de son maître qu’il avait fait condamner lors du concile de Sens. Cette vision résume assez bien l’aura de Bernard auprès de ses contemporains. Il est à la fois un grand prédicateur, investi dans la réforme de l’Église et les affaires de son temps, aussi bien politiques que religieuses, si tant est qu’on puisse séparer les deux, et un moine révéré et craint. Auteur prolifique, ami fidèle et adversaire redoutable, Bernard est une personnalité incontournable en cette première moitié du XIIe siècle. Comment un jeune noble bourguignon a-t-il pu devenir une figure majeure de son siècle? Pourquoi est-il demeuré l’un des grands noms du christianisme? Les contributions réunies dans ce numéro tentent une approche globale de l’homme devenu saint et dernier Père de l’Église. De sa naissance à sa mort, et au-delà même, puisque sa légende et sa voix ont traversé les siècles, nous redécouvrons un être exceptionnel et, à travers lui, une époque passionnante et mouvementée.
Difficile de montrer un saint d’autorité, et d’autorité de l’Église comme le fut saint Bernard de Clairvaux, aux soixante-trois années d’existence bien remplies? Pourtant, entre la fin de sa vie et les années 1530 environ, ce ne furent pas moins de neuf cent soixante-quatre «images» du saint que l’on peignit, sur livre et au sein des manuscrits, mais aussi sur les murs des couvents de l’ordre cistercien, sur le bois des retables, sur la pierre qu’on sculpta et sur les épreuves qu’on grava. Dans un travail récent, James France a souligné l’importance de tous les médias visuels pour supporter et favoriser le développement du portrait d’auteur de saint Bernard dans l’art médiéval à travers toute la chrétienté. Le thème est ancien dans la tradition iconographique de l’Église, après les Évangélistes et les docteurs de la foi, et il se retrouve à la base des figurations de Bernard tout au long de la mise au point et de la dissémination d’un type campé pour l’éternité.
Auteur : Daniel Russo
Magazine : Religions & Histoire hors-série n° 6 Page : 56-64