N° 6 - Janvier/Février 2006
ISSN : 1772-7200
Il existe toujours dans les rapports de l'homme à la nature et des hommes entre eux quelque chose qui relève de la transcendance. C'est le domaine de la religion au sens large, englobant les croyances, les mythes, les spiritualités et les religions dans l'acception exacte du mot qui implique l'intervention divine et une pratique codifiée par des textes. La religion au sens large est l'objet de cette nouvelle revue. Il s'agit non pas de la religion vécue ni de l'insertion de la religion dans le monde contemporain, mais de la religion objet d'observation et de connaissance. Pour chaque domaine religieux nous avons fait appel à un ou plusieurs historiens dont les travaux sont notoires. Ces historiens composent le comité scientifique de la revue. La collaboration qu'ils nous ont apportée dès le début nous a permis de découvrir l'extrême richesse des connaissances actuelles, généralement méconnue parce que peu divulguée. Religions & Histoire, se tenant à l'écart des interprétations ou transpositions qui dénaturent toujours les faits historiques, demandera à des historiens d'exposer les connaissances acquises. Seul le scrupule de l'historien préserve pour le lecteur la liberté d'esprit qui lui permet de s'informer véritablement.
Un paradoxe fondamental caractérise la foi chrétienne : les chrétiens n'ont pas la même religion que celui dont ils se réclament. Si Jésus était juif, comme d'ailleurs ses premiers disciples, Pierre, Paul et Jacques, pour ne citer que les principaux, comment expliquer que ceux qui le reconnaissent comme le Messie ne le sont plus ?
Les conflits qui opposent de plus en plus, à partir de la fin du Ier siècle, le judaïsme et le christianisme constituent, en quelque sorte, une affaire de famille. C'est une des raisons qui permet de préférer le terme de "séparation" à celui de "rupture", car le premier met souvent en opposition d'anciens partenaires devenus rivaux.
Il convient en effet de préciser que le mouvement chrétien s'est développé au sein même du judaïsme, et ce jusqu'à une époque qui varie selon l'appréciation des critiques : certains considèrent qu'il en est sorti entre 70 et 100 ; d'autres, entre 135 et 150 ; d'autres encore, entre la fin du IIe siècle et le début du IVe siècle.
Quoiqu'il en soit, le conflit s'est apparemment soldé par l'exclusion des chrétiens du judaïsme et par la création d'une religion nouvelle : le christianisme. Ce dernier s'est alors déclaré comme le "Vrai Israël", revendiquant non pas une partie de l'héritage mais la totalité – comme cela est souvent le cas lors d'une séparation conflictuelle. S.C. M.
Auteur : C. Mimouni Simon - Bobichon Philippe - Burnet Régis - Cambe Michel - Cerbelaud Dominique - Devillers Luc - Dujardin Jean - Marguerat Daniel - Norelli Enrico
Magazine : Religions & Histoire n° 6 Page : 8-73