N° 54 - Janvier/Février 2014
ISSN : 1772-7200
L’au-delà. Images de brasiers aux supplices innombrables, visions idylliques des félicités réservées aux justes… Mais encore? Pétri de culture chrétienne, fût-ce sans en être pleinement conscient, l’homme occidental tend à associer, de manière très restrictive, l’au-delà à ces deux lieux antithétiques, le paradis et l’enfer. Ces espaces dédiés à la récompense et au châtiment sont ancrés dans notre imaginaire. Pourtant, ce ne sont pas les seuls lieux que l’on ait inventés, conceptualisés à travers le monde. Les religions n’ont jamais manqué d’inspiration en la matière! Des points communs se retrouvent d’une civilisation à l’autre, mais des différences aussi, liées à l’histoire, à la culture, au contexte propres à chacune. C’est un panorama, inévitablement superficiel – le sujet est si vaste! –, de ces diverses représentations du monde de l’après-mort que proposent les prochaines pages.
La vision islamique des mondes distingue principalement deux territoires d’inégale importance: le territoire de la vie d’ici-bas (al-dunya) et celui de l’au-delà (al-akhira). Le premier est jugé évanescent, futile et vain, tandis que le second est perçu comme réel, véritable et sérieux. «La vie de ce bas-monde n’est que jeu et divertissement. La demeure de la vie future est sûrement meilleure pour ceux qui craignent Dieu», dit le Coran (6, 32). Ces deux espaces correspondent à deux modes d’existence humaine, la vie première, qui va de la naissance à la mort, et la vie dernière, qui va de la mort à la résurrection. Mais où l’au-delà commence-t-il exactement? Quelle est la limite entre l’espace du monde inférieur et l’espace permanent du monde divin? À quoi ressemble ce dernier, comment l’a-t-on imaginé en Islam?
Auteur : Christian Jambet
Magazine : Religions & Histoire n° 54 Page : 50-53