N° 54 - Janvier/Février 2014
ISSN : 1772-7200
L’au-delà. Images de brasiers aux supplices innombrables, visions idylliques des félicités réservées aux justes… Mais encore? Pétri de culture chrétienne, fût-ce sans en être pleinement conscient, l’homme occidental tend à associer, de manière très restrictive, l’au-delà à ces deux lieux antithétiques, le paradis et l’enfer. Ces espaces dédiés à la récompense et au châtiment sont ancrés dans notre imaginaire. Pourtant, ce ne sont pas les seuls lieux que l’on ait inventés, conceptualisés à travers le monde. Les religions n’ont jamais manqué d’inspiration en la matière! Des points communs se retrouvent d’une civilisation à l’autre, mais des différences aussi, liées à l’histoire, à la culture, au contexte propres à chacune. C’est un panorama, inévitablement superficiel – le sujet est si vaste! –, de ces diverses représentations du monde de l’après-mort que proposent les prochaines pages.
Dans l’hindouisme classique, l’au-delà n’apparaît pas sous la forme d’un espace, d’un autre monde dans lequel l’homme entrerait à sa mort pour n’en plus jamais ressortir; comme le note Michel Hulin, dans cette religion, l’au-delà est essentiellement «de l’ordre du temps. Il se présente comme la série des intervalles temporels qui séparent les unes des autres les réincarnations successives d’un même principe spirituel» (La face cachée du temps. L’imaginaire de l’au-delà, p. 347). Cette doctrine classique des renaissances ou de la transmigration, unanimement acceptée dans l’hindouisme actuel, ne semble cependant s’être imposée qu’à partir des Upanisad. Elle est en effet ignorée des hymnes védiques les plus anciens, qui présentent d’autres structures eschatologiques.
Auteur : Alexandre Astier
Magazine : Religions & Histoire n° 54 Page : 58-61