N° 46 - Septembre/Octobre 2012
ISSN : 1772-7200
Lorsque l’on parle d’hérésie dans le monde chrétien, deux périodes sont plus particulièrement concernées: les premiers siècles du christianisme, qui virent diverses pensées théologiques dissidentes s’épanouir, et le Moyen Âge central et finissant, durant lequel flambèrent maints bûchers d’hérétiques. Si les hérésies des premiers siècles, souvent méconnues du grand public mais étudiées par les spécialistes, sont relativement bien définies autour de grandes figures et de lieux de diffusion, les mouvements chrétiens médiévaux qualifiés par l’Église romaine d’hérésies sont plus difficiles à cerner. L’historiographie a longtemps erré de lectures erronées en fantasmes inavoués, donnant de ces groupes une image fausse aujourd’hui largement répandue. Dans ce dossier, les historiens reviennent aux sources des hérésies médiévales en s’appuyant sur les documents textuels et iconographiques. Pour nous, ils débrouillent l’écheveau politique, culturel et théologique qui aboutit à l’invention de l’hérésie médiévale.
L’hérétique Henri, dit aussi Henri de Lausanne à partir du XVIIIe siècle ou le moine Henri dans les historiographies allemande et italienne, est dit Henri «schismatique et hérétique» dans un traité écrit contre lui de son vivant qui vient d’être publié. Repéré au début du XIIe siècle dans la ville du Mans où sa prédication a suscité des troubles, il se fait surtout remarquer au cours du schisme d’Anaclet (1130-1138) et devient quelques années plus tard la cible de Bernard, abbé de Clairvaux, qui part en vain à sa poursuite dans le Toulousain entre 1144 et 1145. Puis Henri disparaît. Mieux connu aujourd’hui, le rôle du personnage apparaît déterminant dans l’évolution du regard porté par l’Église sur les hérétiques à une époque charnière de l’histoire de l’hérésie.
Auteur : ZERNER (M.)
Magazine : Religions & Histoire n° 46 Page : 26-33