N° 43 - Mars/Avril 2012
ISSN : 1772-7200
Les Grecs croyaient en leurs dieux, et en l’influence de ces derniers sur leur destinée, tant individuelle que collective. C’est pourquoi ils entretenaient avec eux une relation empreinte de respect et de familiarité tout à la fois. La pratique divinatoire était, comme le sacrifice, un moyen d’entrer en relation avec le monde divin. Elle permettait plus particulièrement de connaître les volontés supérieures afin de prendre les bonnes décisions. Pour atteindre ce but, diverses méthodes se rencontraient, qui requéraient un personnel nombreux et lui aussi fort varié : devins et porte-paroles du dieu (hommes et femmes), prêtres et prophètes abondent dans la littérature et la mythologie, comme ils abondaient alors dans la réalité. Certains sites oraculaires sont restés célèbres, tels Delphes, Dodone ou Olympie, d’autres ont peu à peu sombré dans l’oubli, mais partout subsiste la trace, archéologique ou iconographique, de ces tentatives pour communiquer avec Zeus et son fils Apollon, les deux principales divinités mantiques du panthéon grec. Que les pages suivantes permettent à chacun de redécouvrir l’essence et les visages de la divination en Grèce antique, par-delà les préjugés et les millénaires.
Les sanctuaires oraculaires, surtout lorsqu’ils sont grands, ont besoin d’un personnel multiple, varié et parfois fort hiérarchisé. Ce personnel inclut, bien entendu, des prêtres ou des prêtresses qui peuvent, le cas échéant, assumer la fonction de porte-parole au service de la divinité oraculaire; mais on a surtout affaire à des personnes qui portent un titre particulier : les devins (manteis), les prophètes (prophêtai) ou encore ceux que l’on appelle promanteis. Il est donc important, pour la bonne compréhension de l’univers oraculaire grec, de définir le sens exact que revêtent ces divers termes, parfois traduits de façon erronée, comme le montre l’exemple de Cassandre. Dans les textes grecs en effet, la fille de Priam et Hécube n’est pas qualifiée de « prophétesse » (prophêtis); elle est une « devineresse » (mantis). Mais la langue française ne fait pas toujours clairement la différence entre ces deux types d’agents.
Auteur : GEORGOUDI Stella
Magazine : Religions & Histoire n° 43 Page : 32-37