N° 4 - Octobre 2010
ISSN : 1772-7200
À mi-chemin entre l'Europe et l'Asie, la Russie offre tout à la fois le charme de l'inconnu et le sentiment réconfortant d'une certaine proximité culturelle. Fait remarquable parmi tant d'autres : son histoire tumultueuse, des origines à l'actuelle Fédération de Russie, confère une large place aux phénomènes religieux. C'est évidemment au christianisme que l'on pensera d'abord, à cette Église orthodoxe russe dont l'originalité et le faste fascinèrent durablement l'Occident ; mais la Russie est aussi la résidence historique de populations juives, musulmanes, bouddhistes et même chamanistes, trop souvent reléguées dans l'oubli. À l'occasion de l'année France-Russie, Religions & Histoire propose de présenter, à travers les siècles, les territoires et les régimes, une petite histoire des religions de Russie, terre de croyances et de diversité. Ensemble trop bref sans doute (le judaïsme en particulier, qui requerrait à lui seul une vaste étude englobant l'ensemble du monde slave, ne sera pas évoqué ici) mais qui, espérons-le, incitera tout un chacun à pousser plus avant sa découverte de notre immense et passionnante voisine orientale.
La Russie fut toujours, et plus que toute autre nation continentale, sujette à des mystifications. Les Occidentaux redécouvrirent ce pays au fil des XVe et XVIe siècles, à l'époque où il parvint à se dégager définitivement du joug tatare. Les témoins oculaires se contentèrent alors d'établir une différence culturelle entre une Europe humaniste et cette vaste région de l'Est apparemment attardée ; ce faisant, ils paraissaient se pencher avec curiosité sur leur propre passé médiéval. Les mœurs des Russes, en particulier leurs pratiques religieuses, observées avec amusement ou indignation, devinrent l'explication et la justification d'une image négative de la Russie. De nombreux diplomates et commerçants, parfois aussi des aventuriers, laissèrent des récits où la description des rites religieux tenait une large place. L'Église orthodoxe y suscitait à la fois curiosité et rejet, particulièrement à l'époque de la Réforme, mais protestants et catholiques cherchèrent ensuite à se rapprocher de ces chrétiens dont l'héritage byzantin déconcertait.
Auteur : Francine-Dominique Liechtenhan
Magazine : Religions & Histoire hors-série n° 4 Page : 42-47
Date : 11/10/2010
