N° 32 - Mai/Juin 2010
ISSN : 1772-7200
L'Islande, terre nimbée de mystère et entourée d'idées reçues, est un pays sans équivalent en Occident. Ses paysages, sa langue, sa culture, tout la distingue. Pour tenter de comprendre sa spécificité, nous remontons aux sources, lorsque des Germains du Nord (surtout des Norvégiens) et des Celtes vinrent, au IXe siècle, s'installer sur ces rives rocheuses. Nous insisterons sur la conversion au christianisme, vers l'an 1000, de ce peuple aux structures sociales et juridiques originales, et sur l'essor médiéval d'une culture à nulle autre pareille, mêlant avec bonheur tradition et religion.
Des Scandinaves commencent à reconnaître les côtes islandaises à partir des années 860. D'abord baptisée « Pays de la Neige », l'île reçoit son nom actuel (« Pays de la Glace », Island) du Norvégien Floki qui l'abandonne au bout d'un hiver. Selon la tradition, ce serait un autre Norvégien, Ingolf, qui vers 874 se serait le premier installé définitivement dans le sud-ouest de l'île, sur le site de Reykjavík (la « Baie des Fumées »). Lorsque les premiers colonisateurs scandinaves, en majorité originaires de Norvège occidentale, abordent l'Islande, ils découvrent ainsi une terre vierge d'occupation humaine à l'exception d'un petit nombre d'ermites irlandais qui y séjournaient sporadiquement depuis quelques décennies, et qui, selon l'historiographie médiévale islandaise, s'enfuirent à l'arrivée des païens. Parmi les colons se trouvaient une minorité de chrétiens ainsi que des gens « de foi mêlée », c'est-à-dire qui, suivant les circonstances, invoquaient soit les divinités païennes soit le Dieu chrétien. Mais même la majorité païenne ne pouvait ignorer complètement la religion chrétienne, côtoyée depuis un siècle au cours des expéditions vikings.
Auteur : Jean-Marie Maillefer
Magazine : Religions & Histoire n° 32 Page : 28-33
Date : 26/04/2010