N° 17 - novembre/décembre 2007
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ISSN : 1772-7200
Ce pays connu comme le berceau de l'humanité, pourrait tout aussi bien prendre le titre de berceau de la chrétienté. Deuxième région à être christianisée au monde, elle a su préserver une forme originale de christianisme, que peu de réformes ou influences extérieures ne sont venues perturber malgré les conflits internes. Introduite à partir de l'Égypte, la nouvelle religion aurait d'abord trouvé la faveur des rois, ensuite du peuple, lesquels suivirent la doctrine des Églises d'Orient qui rejetèrent les conclusions du concile de Chalcédoine (451). Ils ne furent pourtant pas de fervents partisans du nouveau dogme et continuèrent à suivre certains préceptes du judaïsme tels la circoncision, les prescriptions alimentaires, le respect du sabbat ou encore les danses des prêtres au son du tambour. Se formèrent ainsi une spiritualité, une théologie et des pratiques liturgiques particulières, suspendues aux premiers siècles de la chrétienté. Sans doute l'Éthiopie y aurait-elle puisé sa forte identité. C'est ce que laisse penser en tout cas son histoire, son architecture et toutes ses formes d'expression artistique. L'empreinte du christianisme est indéniable : on sculpte des montagnes pour louer Dieu, on développe un art tout à sa gloire et la vie des individus est rythmée par les grands événements religieux. Au nom de la religion, toujours, on établit une hiérarchie sociale et économique ; les juifs éthiopiens furent considérés comme des falashas, des ?exilés?, sans droit de propriété tandis que les chrétiens se regroupèrent en une classe dominante. La reconnaissance de l'Église orthodoxe éthiopienne comme institution autonome et indépendante par rapport à l'Église copte en 1959 ouvre une nouvelle ère. L'Église quitte son isolement relatif pour s'imposer à l'égal des autres religions. Un développement que l'on souhaite durable…
Communauté à part dans une Éthiopie chrétienne, les juifs éthiopiens, également appelés Falashas ou Beta Israël, ?la maison d'Israël?, ont su préserver au cours des siècles leurs particularités sociales et religieuses. Longtemps isolés des courants juifs traditionnels, il se sont rapprochés davantage des chrétiens d'Éthiopie, dont les pratiques et les rites présentent de nombreuses similitudes. Ces juifs, au passé si particulier, résident aujourd'hui pour la plupart en Israël, après deux vagues de migrations successives, en 1984 et 1991. Depuis 1991, l'émigration des Beta Israël se poursuit à un taux annuel d'environ 3000.
Auteur : KAPLAN Steven
Magazine : Religions & Histoire n° 17 Page : 68-71